Auteur
Fortuné
Sossa
Directeurs de thèse
Thomas LeGrand, Mira Johri
Jury(s)
Johri Mira, LeGrand Thomas
Depuis plusieurs décennies, la réflexion sur le lien entre l'éducation des parents, en particulier celle de la mère sur la mortalité des enfants est demeurée une priorité de recherche et un enjeu majeur pour les organisations internationales et les décideurs politiques des pays en développement, confrontés à une mortalité plus élevée et un niveau d’éducation plus faible que dans les pays à revenu élevé. Toutefois, en dépit des arguments théoriques qui justifient l’importance de l’éducation de la mère sur la mortalité des enfants, bon nombre de travaux empiriques menés dans les pays en développement, et surtout ceux de l'Afrique subsaharienne, ont révélé une relation mitigée, indiquant parfois une atténuation ou une absence de relation. Les raisons avancées pour expliquer la divergence des résultats observés ont généralement trait aux différents contextes dans lesquels les études ont été réalisées et aux problèmes surtout d’ordre méthodologique et conceptuel résultant des données disponibles.En utilisant les données des Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS) du Bénin, l'objectif principal de cette thèse était d’aboutir à une meilleure compréhension des aspects méthodologiques et conceptuels relatifs à l’association entre l’éducation des parents et la mortalité des enfants. Trois objectifs spécifiques sont examinés. Le premier objectif spécifique est consacré à la relation entre l’éducation de la mère et la mortalité des enfants de moins de cinq ans en 1991-1996 et 2001-2006 pour cerner d'une part, les différences de mortalité des enfants selon les catégories d'éducation de la mère à chacune des périodes et, d'autre part, la variation du risque de mortalité des enfants selon l'éducation de la mère entre ces deux périodes, considérant la baisse de mortalité des enfants qu'a connue le Bénin. Le deuxième objectif spécifique vise à cerner l'impact du niveau moyen de l’éducation des femmes de la communauté sur la mortalité des enfants. Dans le troisième objectif spécifique, nous évaluons dans quelle mesure l'éducation du père (variable souvent omise dans les études antérieures) contribue à l'amélioration de la survie des enfants. Les résultats de nos analyses sont présentés sous forme d’articles scientifiques. À l'aide des analyses multi-niveaux en temps discret, les résultats de l'article 1 montrent que le risque de mortalité des enfants de mères non éduquées n'est pas significativement différent de celui des enfants de mères qui n'ont pas complété le cycle primaire (1 à 5 ans de scolarité). Ce résultat a été observé aussi bien à l’EDS de 1996 qu'à celle de 2006. Le risque de mortalité des enfants de mères qui ont complété au moins le cycle primaire (6 années de scolarité et plus) est plutôt faible comparativement à celui des enfants de mères non éduquées. Les résultats montrent également que le différentiel du risque de mortalité des enfants de moins de cinq ans selon l'éducation de la mère n'a pas significativement changé entre les deux périodes d'enquêtes (1991-1996 et 2001-2006) au Bénin. S'agissant de l’impact du niveau moyen d’éducation des femmes de la communauté sur la mortalité des enfants (article 2), nos résultats confirment que le risque de mortalité des enfants de moins de cinq ans est moins élevé dans les communautés où la proportion de femmes éduquées est plus élevée, et ce, indépendamment de l'éducation de la mère. Plus intéressant, l'effet de l'éducation communautaire sur la mortalité des enfants de moins de cinq ans était plus important dans les communautés où l'offre de soins de santé est disponible et accessible. Quant à l'influence de l'éducation du père (variable souvent omise dans les précédentes études) (article 3), il ressort que le fait d'avoir un père éduqué réduit significativement le risque de mortalité des enfants. Par contre, son effet s'est révélé significatif seulement dans les communautés où l'offre de soins de santé est disponible et accessible.