Que ce soit par son stock, ses flux de créations et de cessations ou ses transferts et donc par sa vitalité, la population des entreprises d'un pays détermine de façon capitale son sort économique et par conséquent son destin. Pour étudier la population des entreprises à travers les événements qui la déterminent, les méthodes de l'analyse démographique constituent un moyen efficace, car permettant de se débarrasser des sources de biais engendrés par les effets de structure, à condition de définir cette population à partir des chefs d'entreprises, c'est-à-dire des personnes qui sont à l'origine des créations. Sur la période 1956-2005, le stock des entreprises marocaines a enregistré une croissance importante et continue, cette croissance découle d'une baisse remarquable du stock des entreprises informelles et d'une croissance exponentielle de celui des entreprises formelles à partir du début des années 1990 ; les entreprises formelles sont très majoritairement des entreprises individuelles avec une augmentation remarquée de la part des entreprises sociétaires à partir de la décennie 1990, avec une importance du secteur tertiaire notamment les services et une concentration régionale dans la région du Centre ouest et des régions quasi désertes dans le Sud. L'étude de la cessation révèle une forte disparité des entreprises face au phénomène : une forte cessation chez les entreprises informelles par rapport aux entreprises formelles, une cessation plus élevée pour les sociétés de personnes que chez les entreprises des capitaux, en revanche, le secteur d'activité et la région de localisation des entreprises ne semble pas avoir un grand effet sur les risques de cessation. Par groupes de cohortes de création, les entreprises créées pendant la période 1956-1970 connaissent les cessations les plus élevées avec un pic sur les premières années qui suivent la création.