Auteur
David
Pelletier
Directrice de thèse
Lardoux, Solène
Jury(s)
Lardoux, Solène
Puisque de plus en plus d’enfants sont exposés à la séparation de leurs parents, plusieurs d’entre eux doivent partager leur temps entre les logements et la supervision de leur mère et leur père. Qu’on nomme cette réalité « garde », « résidence » ou « temps parental », elle complique grandement la description et la mesure des structures familiales dans lesquelles évoluent les enfants. Dans ce contexte, la thèse comporte deux objectifs principaux. 
Le premier consiste à préciser l’évolution historique des différents concepts légaux et sociologiques en jeu et à montrer comment le flou terminologique entourant la garde entraîne des problèmes lors de la mesure des arrangements résidentiels des enfants. Pour exposer la problématique, je tente de déterminer la prévalence de la double résidence égalitaire en faisant une évaluation critique des sources de données disponibles au Québec et au Canada. En fin de compte, en raison des lacunes de ces diverses sources et de leurs résultats parfois divergents, il s’avère pratiquement impossible de répondre à la question : « Combien d’enfants vivent en garde partagée (ou en double résidence) ? ».Le second objectif, qui occupe la majeure partie de la thèse, vise à illustrer le caractère dynamique des arrangements de temps parental, un aspect souvent ignoré dans la littérature scientifique. À partir des données des treize premiers passages de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ) (n=2120), je distingue quatre arrangements de temps parental postséparation : 1 la résidence maternelle (avec peu ou pas de contacts père-enfant) ; 2 la résidence maternelle (avec contacts père-enfant réguliers) ; 3 la double résidence ; 4 la résidence paternelle. En ordonnant les informations disponibles à différents points dans le temps pour un même enfant, j’ai pu reconstituer des trajectoires de temps parental complètes. Les analyses réalisées sur ces trajectoires sont rapportées dans deux articles. 
Je m’intéresse, dans le premier article, aux caractéristiques familiales liées à l’établissement d’un arrangement donné au moment de la séparation ainsi qu’à la durée de cet arrangement. J’y montre par exemple que la part du temps parental assumée par le père au moment de la séparation est positivement associée au niveau de scolarité des parents, au travail à temps plein des mères et au sentiment de plaisir parental des pères. On y constate aussi que les arrangements initiaux ne sont pas tous aussi durables les uns que les autres. Même si les facteurs associés à cette durée sont plus difficiles à discerner, le niveau de scolarité des parents semble être important dans le processus. Dans le second article, je construis des tables de survie multiétats afin de résumer les trajectoires de temps parental de la perspective d’un enfant « moyen ». Je cherche entre autres à déterminer combien de temps les enfants passent dans chacun des quatre arrangements définis plus tôt et à identifier les facteurs sociodémographiques associés à cette répartition. J’y conclus que le temps passé en double résidence par un enfant moyen est faible, mais qu’il augmente avec le niveau de scolarité des deux parents. La double résidence est cependant une composante centrale de la paternité postrupture. Malgré une grande fluidité dans les trajectoires de temps parental, l’arrangement établi au moment de la séparation demeure un bon prédicteur de l’expérience parentale ultérieure. Les enfants initialement en double résidence, par exemple, perdent rarement contact avec leur père au cours des cinq années qui suivent la séparation, et ce, même si plusieurs d’entre eux finiront par habiter principalement avec leur mère.
Année de soutenance
2017
Lieu de soutenance
Université de Montréal
Mots clés
temps parental
garde partagée
résidence alternée
Québec (Canada)
ÉLDEQ
tables de survie multiétats
Sociologie - Démographie (UMI : 0938)
Discipline
Démographie
Sujet
Prévalence, déterminants et dynamiques des arrangements de temps parental postséparation chez les enfants québécois nés à la fin des années 1990.