28 novembre 2025
Colloque de la Société de Démographie Historique
Les travaux sur les sociétés contemporaines insistent sur le fait que la recomposition familiale a pris de l’ampleur ces dernières décennies, dans le contexte de montée de la divortialité et, plus globalement, de multiplication de ruptures d’unions, mariées ou non. Depuis longtemps, les historiens rappellent néanmoins que le phénomène était loin d’être inconnu ou marginal dans les sociétés du passé. Les mêmes ont démontré cependant que les origines en étaient passablement différentes, ne serait-ce qu’en raison du poids de la mortalité adulte qui brisait prématurément nombre de couples. Pour autant, se contenter d’opposer les veuvages d’hier et les divorces et séparations d’aujourd’hui relève d’une vision réductrice des situations passées et présentes, qui alimentent débats et critiques.
Il paraît plus que nécessaire d’aller au-delà de ce schématisme qui occulte la diversité des pratiques familiales actuelles et anciennes et brouille la compréhension des transformations historiques sur le long terme. C’est pourquoi la Société de Démographie Historique propose, lors de ce colloque, de réfléchir sur la notion de recomposition familiale et de l’éclairer sur un plan diachronique en l’envisageant dans ses multiples dimensions.
Il s’agira tout d’abord d’étudier la diversité des processus déclencheurs (décès, mise en
couple ou rupture, vieillesse ou dépendance, mobilité volontaire ou forcée, accueil d’enfant ou
adoption, etc.), de saisir la variété des formes de recomposition, d’en déterminer le caractère
genré, d’en mesurer les fréquences à l’échelle d’une société ou des parcours de vie individuels,
dans un contexte historique précis ou sur la longue durée. Les manières dont les recompositions
ont été vécues, notamment selon l’âge et le genre, sur les plans émotionnel et relationnel par les
différents acteurs engagés seront également abordées, de même que leurs conséquences multiples,
qu’elles soient démographiques, sociales, économiques, juridiques. Les enjeux de reproduction
familiale, brisée ou préservée, se lisent aussi en termes de tensions, de conflits, d’accords, de
solidarités anciennes et nouvelles. Toutes ces dynamiques familiales « micro » s’inscrivent dans
l’Histoire, c’est-à-dire dans des systèmes idéologiques et des contextes institutionnels qui régulent,
encadrent, contraignent ou facilitent les différentes formes de recompositions familiales, mais
aussi dans des régimes socio-démographiques qui définissent une certaine forme d’ordinarité des
parcours individuels et familiaux. Cette dernière peut cependant être bouleversée par la
récurrence plus ou moins grande des crises, telles que des guerres, des épidémies, des
déplacements de population, etc. Comment les recompositions des familles et des ménages
évoluent-elles lorsque ces chocs collectifs apportent des ruptures, mais également des
opportunités ?
Nous appelons les historiennes et historiens actifs sur ces différents thèmes à répondre à cet
appel, avec des études susceptibles de s’appuyer sur une grande variété de sources (état civil,
recensements, sources judiciaires, archives notariales, comptabilités, chroniques, écrits du for
privé, etc.), à travers des démarches aussi bien quantitatives que qualitatives ou mixtes. Des
synthèses sont envisageables. En cohérence avec notre perspective, il sera aussi fait place aux
travaux contemporains qui proposent des aller-retours entre le passé et le présent. Ceux qui
mettent en évidence l’émergence de comportements nouveaux seront particulièrement bienvenus.
Il va de soi que les propositions de communication pourront envisager des espaces tant
occidentaux que non-occidentaux et que le comité scientifique autorise une lecture polysémique
de ce que les termes « familles » et « ménages » pourraient être amenés à signifier selon les
périodes historiques prises en compte.
Cours des Humanités
93300 Aubervilliers
France